Chrétiens et musulmans ont-ils le même Dieu ?

Chrétiens et musulmans ont-ils le même Dieu ?

Adulte, plus de 25 ans

   Pour répondre correctement à cette question, il faut distinguer deux interrogations : Dieu, s’il existe, est-il le Dieu de tous, c’est-à-dire de ceux qui l’adorent en vérité et de ceux qui se trompent à son sujet ou qui ne s’intéressent pas à lui ? Ensuite, le Dieu des Chrétiens et le Allah des musulmans sont-ils deux noms différents, dans des cultures différentes, pour désigner la même entité spirituelle ?

   Au sujet de la première question, si Dieu existe – ce que tout homme peut démontrer par l’usage droit de sa raison – il est Dieu pour tout le monde. Il est le Créateur du ciel et de la terre, le Rédempteur du genre humain tout entier. Jésus est mort sur la croix pour tous les hommes, même si les mérites de sa Passion ne sont appliqués qu’à ceux qui le désirent (Dieu ne sauve personne malgré lui, ou contre sa volonté). Dieu se soucie donc autant des chrétiens que des croyants des autres religions, que des incroyants. Tous sont placés sous sa divine Providence. Ainsi, sous cet angle-là, on peut dire que chrétiens et musulmans ont le même Dieu, au sens où le Dieu des Chrétiens « s’occupe » aussi des musulmans.

   En revanche, la deuxième question est plus compliquée. Si l’on ne parle que du nom que l’on donne à Dieu, plusieurs millions de chrétiens arabes et moyen-orientaux prient le Dieu chrétien en l’appelant Allah. Mais les musulmans qui prient Allah ne s’adressent pas au Dieu des chrétiens, qui est un seul Dieu en trois Personnes (Père, Fils et Saint-Esprit). Ils reprochent d’ailleurs aux chrétiens d’être des « associateurs », des gens qui associent d’autres divinités à Allah. Du point de vue musulman, les chrétiens adorent bien Allah, mais sont idolâtres quand ils prient Jésus ou le Saint-Esprit. Du point de vue chrétien, à l’inverse, les musulmans ne prient pas le vrai Dieu, qui est trinitaire. Puisque Jésus est Dieu, au même titre que le Père ou le Saint-Esprit, alors nous lui devons la même adoration et la même gloire qu’au Père. Comme le dit Jésus : « Nul ne connait le Père, si ce n’est le Fils, et ceux à qui le Fils aura voulu le révéler ». Ainsi, d’après Jésus lui-même, si l’on refuse la divinité du Fils, on ne connait pas le Père. C’est pourquoi il dira aux Pharisiens qu’ils sont des fils du démon, et non plus des fils d’Abraham.

   Un musulman qui adore Allah ne rend pas un culte au vrai Dieu, mais à la fausse représentation qu’il s’en fait. En revanche, il est tout à fait possible que ce musulman soit de bonne foi, et pense par sa prière rendre un culte au vrai Dieu. Dieu ne reprochera jamais à quelqu’un de ne pas croire en ce qu’enseigne l’Eglise, si personne ne lui a expliqué correctement cet enseignement, ou si les seuls échos qu’il en a entendu sont de nature à le détourner encore plus de la foi catholique (en particulier les sourates coraniques qui parlent des chrétiens).

   Tous ces éléments permettent de comprendre pourquoi l’attitude de l’Église, dans toute son histoire, a été d’être missionnaire, c’est-à-dire de prêcher Jésus-Christ à toutes les nations, afin que les hommes se convertissent : un musulman de bonne foi, qui cherche à faire la volonté de Dieu, se convertira à la foi chrétienne si elle lui est présentée dans toute sa vérité et dans toute sa beauté doctrinale et morale !