Morale de l’Eglise et immoralité de ses membres : Comment les concilier ?

Que pensez vous de la morale de l’Eglise, hommes et femmes confondus, à l’heure actuelle ? Crimes sexuels commis envers les plus faibles, enfants, déni, exclusion des éléments honnête qui ont dénoncé ces abominations, etc. Non dénonciation, mise en danger.

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   Je crois discerner dans votre question deux choses qui sont en effet distinctes : l’enseignement moral et son application par ceux qui le dispensent. C’est une objection soulevée de temps à autres envers les ecclésiastiques qui condamnent le péché tout en étant eux-mêmes des pécheurs. Une telle attitude est aussi ancienne que l’est le péché dans l’humanité. Nous pouvons donc d’abord nous inspirer des paroles de Jésus-Christ au sujet des enseignants de morale de son époque : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. » (Mt 23, 2-3) Une chose est donc la doctrine, autre chose est le comportement de ceux qui la prêchent.

   En nous inspirant de ces paroles très juste du Sauveur, nous pouvons donc dire que l’enseignement moral de l’Église est vrai et donc bon pour l’humanité. Il découle de la Révélation faite par Dieu qui a créé la nature humaine et à ce titre sait le mieux ce qui est bon pour elle, bien plus qu’un ingénieur qui a construit une machine. L’Église condamne donc tout le mal fait aux plus petits et exige non seulement qu’il soit réparé mais surtout qu’on l’évite dans le futur dans la mesure du possible. L’infidélité à l’enseignement de Jésus-Christ a eu lieu parmi les membres, même les plus hauts placés de l’Église. Elle montre à quel point les autorités ecclésiastiques doivent être encore plus vigilantes pour faire appliquer son enseignement, car c’est la vie des plus fragiles qui est en jeu.

   Que certains représentants de l’Église commettent des fautes, des péchés, voire des crimes, ne rend pas l’enseignement en matière de morale de l’Église faux, mais montre plutôt que tout en sachant ce qui est bon et ce qui est mauvais, ces hommes ont choisi de faire le mal. Mais comme on ne remet pas en question le conseil de ne pas fumer donné par un médecin qui est lui-même dépendant du tabac, nous ne pouvons pas remettre en question l’enseignement moral de l’Église juste parce que certains de ceux qui le proclament ne sont pas à la hauteur de leur propre enseignement.

  Certes, un témoignage personnel est toujours plus efficace que les simples paroles. Pour cela, nous devons penser de plus en plus souvent à cette vérité : tout ce qu’enseigne l’Église lui vient du Christ, notre Sauveur, qui est à la fois Dieu et homme. C’est de Lui que saint Paul a écrit ces paroles : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. » (2 Co 5, 21) La chaire de Moïse a été remplacée par celle du Christ et à ses serviteurs, nous pouvons donc appliquer les mêmes paroles.