Est-ce vrai que celui qui commet un péché mortel va en enfer ?

Est-ce vrai que celui qui commet un péché mortel va en enfer ?

Etudiant, 20 ans

   La question est capitale. Pourquoi ? Parce qu’elle nous place, de façon immédiate, devant les choix que nous faisons au quotidien et, de façon plus ultime, elle met chaque homme face à son éternité, quel que soit son âge et sa situation… car « nul ne sait ni le jour ni l’heure [de sa mort] » (Marc, 13, 32).

   L’ambiance actuelle, il faut bien en convenir, ne pousse pas tellement (voire pas du tout) à considérer avec attention et honnêteté cette éternité qui s’offre à tous les hommes : éternité de bonheur ou éternité de malheur. Or, la plupart de nos contemporains sont fils de leur temps et traitent avec une légèreté surprenante leur fin dernière. En définitive, ils n’ont pas plus peur de tomber en enfer que de désir d’aller au Ciel.

   Or Jésus, dans l’évangile, nous donne une description très parlante du « Jugement dernier » : « Le Royaume des Cieux est semblable à un filet qu’on jette en mer et qui ramène toutes sortes de choses. Quand il est plein, les pêcheurs le tirent sur le rivage, puis ils s’asseyent, recueillent dans des paniers ce qu’il y a de bon, et rejettent ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges se présenteront et sépareront les méchants d’entre les justes pour les jeter dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents »  (Matthieu, 13, 47-50)

   Le Royaume que Dieu est donc une rétribution de ce que nous aurons fait durant notre vie : la justice de Dieu doit punir les méchants et récompenser les mérites de ceux qui auront souffert pour la Justice… sinon, quelle injustice que ceux qui ont fait le mal durant toute leur vie ne reçoivent aucune peine !

   Dieu veut d’abord notre bonheur éternel : cette amitié à laquelle Il nous appelle est un don offert à l’homme, gratuitement. Mais par nos choix, nous pouvons refuser délibérément de croire en Dieu et de vivre de cette amitié : celui qui commet un péché grave s’éloigne de Dieu, refuse cet amour qu’Il nous donne. C’est l’homme lui-même qui, par son refus de Dieu, signe sa propre exclusion de l’héritage auquel chacun est appelé.

   Ce refus de Dieu par le péché, non seulement nous coupe de la source de notre vie de charité, Dieu lui-même, mais se prolonge en quelque sorte dans notre éternité. L’enfer est donc le déploiement logique mais tragique du péché mortel. C’est ce que notait un très grand homme d’Eglise au 20ème siècle, le cardinal Journet : « Les richesses du ciel sont anticipées dans celles de la grâce ; les privations de l’enfer sont anticipées dans celles du péché mortel. Qui comprendrait le mystère du péché mortel aurait compris le mystère de l’enfer qui l’éternise ». L’enfer est la conséquence du péché, qui se retourne contre celui qui l’a commis : il consiste à refuser la miséricorde de Dieu, jusqu’au dernier moment de sa vie. En bref, « l’enfer, c’est de ne plus aimer » comme le disait Bernanos. Ne plus aimer pour l’éternité. Une éternité qui est alors une souffrance, parce qu’elle est privée de Dieu.

   Puisque notre vie est courte et qu’on ne peut pas la répéter, puisque Dieu nous prend au sérieux, tâchons de ne pas, de ne plus perdre de temps dans notre course vers Lui. Ne gâchons pas notre éternité pour un bien qui passe, pour un bonheur bien faible, un plaisir bien passager. Osons la sainteté, car elle est accessible : elle n’est rien d’autre que l’amour radical de Dieu, qui s’accomplit au Ciel dans ce face à face éternel avec Dieu.