Jusqu’à quel point doit-on se soigner ?

Jusqu’à quel point doit-on se soigner ?

Femme, plus de 25 ans

   C’est une question fondamentale. Jusqu’à quel point doit-on se soigner ? Notre propre vie est le bien terrestre le plus précieux que nous ayons, et le cinquième commandement de Dieu nous impose de respecter la vie, celle des autres et la nôtre. Ainsi, nous devons faire ce qui est en notre pouvoir pour conserver notre vie, et éviter ce qui la dégrade. Cependant, cette règle admet des exceptions : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », nous dit Jésus. Il y aurait donc des choses plus importantes que la vie terrestre ? Oui, à commencer par la vie de notre âme, ce qu’ont très bien compris tous les martyrs de l’Eglise. Le Catéchisme dit d’ailleurs : « Si la morale appelle au respect de la vie corporelle, elle ne fait pas de celle-ci une valeur absolue. Elle s’insurge contre une conception néopaïenne qui tend à promouvoir le culte du corps, à tout lui sacrifier, à idolâtrer la perfection physique et la réussite sportive. Par le choix sélectif qu’elle opère entre les forts et les faibles, une telle conception peut conduire à la perversion des rapports humains (CEC n° 2289) ».

   Pour ce qui concerne les soins, la morale chrétienne nous fait un devoir de prendre les moyens ordinaires de conserver notre santé (appeler le médecin quand on est gravement malade, manger suffisamment, etc.). En revanche, les moyens extraordinaires ne sont pas toujours prescrits. Je n’ai pas l’obligation d’accepter une amputation pour sauver ma propre vie, ou une opération ruineuse pour toute ma famille. Cela dit, en raison de notre devoir d’état, il peut être nécessaire d’accepter ces moyens extraordinaires par charité envers le prochain : des parents qui ont des enfants en bas âge, un prêtre pour ses fidèles, etc.

   Ces règles s’appliquent aussi à ce qu’on appelle l’acharnement thérapeutique. Donner un traitement très cher, très douloureux, pour faire gagner quelques jours de vie à une personne âgée en phase terminale de cancer n’est pas souhaitable. Une telle personne ne commettrait aucun péché à refuser ce traitement, et le refus du médecin ou de la famille d’administrer un tel traitement ne peut être assimilé à une euthanasie, car précisément on conserve les moyens ordinaires de santé, en nourrissant et abreuvant le malade, et en tentant de diminuer ses souffrances.