L’alcool est-il mauvais en soi ?

J’aime bien boire  de l’alcool avec mes amis en sortie, mais je n’ai jamais fait de bêtise grave, juste quelques rigolades de trop, où on se moque entre nous… Est ce grave ? Est-ce que c’est compréhensible ?

Femme, plus de 25 ans

   La consommation d’alcool en soi n’est absolument pas proscrite par la morale catholique. Ce qui est mauvais, c’est la consommation excessive, pour deux raisons principales. D’abord parce que cela est mauvais pour notre corps, qui est, comme le rappelle saint Paul, le « temple du Saint-Esprit (1 Cor 6, 19) ». Ensuite et surtout, parce que c’est mauvais pour notre âme. Je m’explique : pour agir chrétiennement, il faut être en état de grâce, bien sûr (ne pas avoir de péché grave sur la conscience), mais aussi agir volontairement, en pleine conscience. Autrement dit, pour qu’une action soit moralement appréciable (en bien comme en mal), il faut qu’elle soit libre. On ne fait pas de péché ou d’action vertueuse si on nous force physiquement à le faire, ou si on agit dans son sommeil, par exemple.

   Voici ce que dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique : « Tant qu’elle ne s’est pas fixée définitivement dans son bien ultime qu’est Dieu, la liberté implique la possibilité de choisir entre le bien et le mal, donc celle de grandir en perfection ou de défaillir et de pécher. Elle caractérise les actes proprement humains. Elle devient source de louange ou de blâme, de mérite ou de démérite (n° 1732) ».

   Le problème de l’alcool est que, consommé abusivement, il modifie notre état de conscience et nous rend moins libre de nos choix moraux. C’est pourquoi se mettre volontairement en état d’ébriété est un péché grave, car cet état peut nous conduire à poser des actes gravement répréhensibles (conduite dangereuse, impureté, colère, etc.). Le même Catéchisme explique : « Une action peut être indirectement volontaire quand elle résulte d’une négligence à l’égard de ce qu’on aurait dû connaître ou faire, par exemple un accident provenant d’une ignorance du code de la route (n° 1736) ».

   Ainsi, tuer quelqu’un sur la route parce qu’on a trop bu entre dans ce cas de péché « indirectement volontaire », au sens où même s’il n’est pas voulu en lui-même, le conducteur a été gravement négligeant quant à sa consommation d’alcool, ce qui l’a conduit à prendre une mauvaise décision (conduire dans cet état).

   Tant que l’alcool est consommé avec modération, tout va bien. Mais la Bible nous apprend que le premier personnage des Ecritures à en avoir consommé (Noé) finit pas se montrer nu devant ses enfants (Gn 9, 21) ! Ce qui est important, c’est de connaitre sa limite pour s’arrêter juste avant. Et si vous vous savez faible à ce sujet, fixez-vous une limite au début de la soirée et obligez-vous à vous y tenir, ou bien abstenez-vous complètement.