La foi et les œuvres sont-ils tous deux aussi indispensables au salut ?

La foi et les œuvres sont-ils tous deux aussi indispensables au salut ?

Homme, plus de 25 ans

   Le fond de l’affaire est le suivant : pour aller au Ciel, il faut vivre et mourir dans la grâce de Dieu, c’est-à-dire dans un état d’amitié avec lui. Cela passe par le fait de croire en lui, et de faire ce qu’il nous prescrit.

   Pour ce qui est de la foi, effectivement, certains passages de l’Evangile sont très clairs : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et n’encourt point la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie  (Jn 5, 24) » ; « si vous ne croyez pas que Moi, Je Suis, vous mourrez dans vos péchés (Jn 8, 24) » ; « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné (Mc 16, 16) ». L’Eglise a toujours enseigné que la voie habituelle du salut est l’appartenance à l’Eglise catholique, par le baptême et la profession de la foi. C’est le sens de l’adage : « Hors de l’Eglise, point de salut ». En revanche, cette appartenance à l’Eglise peut se réaliser de différentes manières. Si la voie normale est effectivement le baptême et la pratique de la vie chrétienne, la théologie reconnait l’existence d’un baptême de sang (le martyre) et d’un baptême de désir (le catéchumène qui meurt pendant sa préparation au baptême). Ce dernier point, le baptême de désir, s’étend également à la personne qui de bonne foi, et dans l’ignorance totale du message de l’Evangile, reconnait l’existence d’un Dieu qui récompense le bien et punit le mal, et qui tente dans sa vie de bien se conduire, selon ce qu’on appelle la loi naturelle inscrite au cœur de tout homme. Un tel homme de bonne volonté accepterait le message chrétien si quelqu’un lui en avait parlé, et Dieu ne peut pas reprocher de ne pas le connaitre à une personne qui n’en a jamais eu l’occasion.

   Pour ce qui est des œuvres, cela rejoint un peu la question de savoir si on peut légitimement être croyant et non pratiquant. A partir du moment où l’on croit que Jésus est le Fils de Dieu descendu sur terre pour notre salut, alors sa parole a force de loi, et il est logique d’appliquer les préceptes et les conseils qu’il nous a donnés pour accéder au bonheur du Ciel. Refuser cela reviendrait à une sorte de schizophrénie spirituelle : « J’admets que Jésus a la parole de vérité, mais je refuse de l’écouter et de la mettre en pratique ». Saint Jacques est très clair : « De même que le corps sans âme est mort, ainsi la foi sans les œuvres est morte (Jc. 2, 26) ».

   Ainsi, croire en Jésus comme Fils de Dieu, et appliquer son enseignement sont tous deux nécessaires au salut. Et la foi et les œuvres sont nécessaires. Si la foi peut parfois être seulement implicite (c’est-à-dire subordonnée à la connaissance du message et de l’existence du Christ), l’application de la morale catholique n’est pas une option. Bien sûr, tous les hommes sont pécheurs, et c’est pour cette raison que le Christ a instauré le sacrement de pénitence, en donnant à ses Apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de pardonner les péchés en son nom ! Mais après la mort, il n’y a plus de choix possible : on demeure fixé pour l’éternité dans l’état dans lequel la mort nous a surpris : ami de Dieu, ou ennemi.