La liberté de conscience et d’expression : Qu’en dit l’Eglise ?

Que dit l’Eglise à propos de la liberté d’expression et de conscience ?

Femme, 15 ans

   Il faut bien savoir ce qu’on appelle liberté. Contrairement à ce qu’affirme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la liberté ne consiste pas à « faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Une telle définition est gravement déficiente, dans la mesure où moralement je ne suis pas autorisé à faire quelque chose, sous le seul prétexte que cela ne gêne personne. Léon XIII nous donne la vision catholique de la liberté, c’est-à-dire la capacité pour l’homme de choisir les moyens par lesquels il veut parvenir à la fin, qui elle n’est pas choisie. Je m’explique : l’homme est fait pour le bonheur du Ciel, que nous le voulions ou non. Choisir le mal, et se détourner de la fin, du but que Dieu a donné à notre existence, c’est faire un mauvais usage de notre liberté. Autrement dit, la liberté n’est pas la capacité de choisir entre le bien et le mal, mais la capacité de choisir entre plusieurs biens, en vue du Bien suprême qui est Dieu.

   La vérité a tous les droits, l’erreur n’en a aucun. Ainsi, tout homme dispose de la liberté de conscience, dans le sens où personne ne peut ni ne doit forcer, violenter sa conscience, en l’obligeant à admettre comme bon ce qu’il sait être mauvais, et inversement. Mais, selon la définition de la liberté que nous avons vue plus haut, cette simple non-contrainte (qui est la définition civile de la liberté de conscience) ne suffit pas. Prenons un exemple : ai-je le droit de penser que 2+2=5 ? Bien sûr, personne ne peut me forcer à admettre que c’est faux, mais cela n’en devient pas vrai pour autant. La vérité, nous dit Aristote, est une certaine adéquation entre notre esprit et le réel. Mon esprit peut penser ce qu’il veut, mais s’il n’est pas en adéquation avec le réel, il pense faux.

   De même à propos de la liberté d’expression. Si on l’entend comme le droit absolu de dire tout ce qui me passe par la tête, ce droit est faux. Je n’ai évidemment pas le droit d’insulter mon prochain, même si j’en ai très envie. Je n’ai pas plus le droit de calomnier, de mentir, de blasphémer. Est-ce que j’en suis capable ? Oui, bien sûr ! Est-ce que je suis libre de le faire ? Non, définitivement. Je suis capable de mentir, mais cette action mauvaise est un péché, et un mauvais usage de ma liberté dévoyée.

   Cette distinction est très importante. C’est à sa lumière qu’il faut lire les récentes déclarations du Magistère de l’Eglise sur ces libertés. Si Dieu a pris la peine, parmi les dix commandements, d’en mettre deux qui défendent le blasphème et le mensonge, c’est qu’il n’a pas la même définition que le monde moderne de la liberté d’expression !