L’Action de grâce

Bonjour Monsieur l’abbé,
Ma question concerne l’action de grâces après la communion.
Peut-on considérer que l’action de grâce dès le retour au banc est une même action que celle après la bénédiction finale ou bien faut-il les considérer comme séparées ?
Et peut-on considérer que l’action de grâce après la bénédiction finale fait encore partie de la messe ? Ou bien est-ce considéré comme un temps de prière personnel après la messe ?

Homme, plus de 25 ans

   L’action de grâce est l’une des quatre fins du sacrifice de la messe. Toute prière, et la messe en est une au plus haut point, consiste à honorer Dieu comme notre Créateur, à le remercier pour ce qu’il nous offre, à lui demander pardon pour nos fautes et à obtenir ses faveurs et ses grâces. Ainsi, dans la messe, l’action de grâce est bien présente, et on trouve de nombreux témoignages de cela dans les textes liturgiques. Cependant, il est vrai que s’est installée dans l’Eglise la pieuse coutume de prolonger son action de grâce, à deux moments particuliers : juste après la communion, et à la fin de la messe.

   Jésus est présent dans l’eucharistie avec son corps, son sang, son âme et sa divinité. Lorsque, en état de grâce, nous recevons la communion, nous ne recevons pas seulement les grâces de Dieu, mais l’Auteur de la grâce lui-même, Jésus réellement présent. C’est pourquoi la liturgie nous aide à  nous préparer pour une si importante visite. On ne recevrait pas un important personnage dans une maison sale et désordonnée ! Mais cela ne suffit pas. Dès l’instant où nous recevons l’eucharistie, et pendant quelques temps, nous devenons un tabernacle vivant, le réceptacle aimant de la présence de Dieu, d’une manière plus immédiate et volontaire que la présence habituelle de la Trinité Sainte dans l’âme des baptisés. Il est donc normal d’honorer cette présence du Christ en nous par la prière, et de remercier Jésus de s’être rendu si proche : lorsque l’on est en présence de son meilleur ami, on aime rester avec lui, lui exposer nos joies et nos difficultés, écouter ses conseils, ou tout simplement passer du temps ensemble… il en va de même avec Jésus, qui est notre plus fidèle et notre plus intime ami, celui qui nous connait mieux que nous même, celui qui nous aimera toujours, quelles que soient nos erreurs, nos imperfections, et nos infidélités !

   Ainsi, nous apprend la théologie, la présence réelle du Christ dans l’eucharistie demeure tant que les apparences du pain sont sauves, autrement dit tant que l’hostie n’est pas dissoute complètement en nous. Or on estime ce temps à un quart d’heure à peu près, pour un aliment si petit. Ainsi, puisqu’entre la communion et la fin de la messe il ne s’écoule souvent que quelques minutes, nous restons en action de grâce un moment après la messe. Si la raison principale est l’honneur que l’on doit rendre à l’eucharistie, c’est aussi l’occasion d’une prière plus générale, et un temps propice à une saine transition entre le sacrifice auquel on a assisté et les mondanités du parvis !

   Ainsi, si ces deux actions de grâce, l’une juste après la communion, et l’autre après la messe, ont le même objet, leur raison profonde est un peu différente. La première s’apparente à un « Bienvenue » souhaité au Christ entrant dans notre corps, la seconde est un « Merci », une veille avec Jésus tant qu’Il est physiquement présent, Lui qui reprochait à ses disciples de ne pas pouvoir veiller une heure avec Lui…