L’ondoiement est-il un vrai baptême ? Peut-on le faire hors du cas de danger de mort ?

 

Bonjour M. l’abbé,

J’ai besoin de quelques réponses à mes questions pour que la situation soit clarifiée. Ma petite fille est née en juin 2017. Je l’ai ondoyée peu après sa naissance. J’ai donc prononcé les paroles « je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » avec de l’eau. Je vous précise qu’il n’y avait pas de danger de mort particulier. Ensuite, notre enfant a été baptisé dans les formes. Toutefois, je n’ai pas averti le prêtre de ce que j’avais ondoyé notre enfant. Voilà la situation,

S’agissant des questions:
– Le fait d’avoir « ondoyé » est-il peccamineux? Auquel cas, dois-je le confesser?
– faut-il faire quelque chose ? Cette situation peut elle être régularisée?

Homme, plus de 25 ans, actif.

Effectivement, cette situation doit être clarifiée.

L’ondoiement de votre fille fut, c’est vrai, une erreur.

Si, pour pourvoir au salut, l’institution divine du baptême par Notre-Seigneur Jésus-Christ fait que  tout homme ou femme (même infidèle) peut baptiser en cas d’urgence ou de nécessité, en ayant l’intention de l’Église (même sans y croire, pourvu qu’on n’y fasse pas obstacle) et en respectant la matière et la forme du sacrement (l’eau et les paroles que, de fait, vous utilisâtes), cela ne permet pas de donner ledit baptême comme vous le fites.

En effet, pour mieux assurer le respect des matière, forme et intention du baptême ; pour aussi en assurer l’unicité de son administration comme sa certitude dument certifiée par l’inscription dans les registres de catholicité, l’Église confie spécialement le baptême aux curés de paroisse, dont c’est un des devoirs définis dans le Droit canon (can. 530).

En effet, le baptême conférant un caractère indélébile, ne doit jamais être réitéré, sous peine de sacrilège. Baptiser absolument deux fois, c’est bien pire que Moïse qui frappa deux fois le rocher pour qu’en coulât de l’eau et en fût puni de ne pas entrer en Terre promise. C’est en effet un acte absolument vain où l’on ignore et bafoue le don inamissible déjà conféré.

Le curé peut déléguer l’administration à un autre prêtre, ou même à un diacre (extraordinairement autrefois, ordinairement dans le droit actuel), mais toujours sous sa vigilance. Ainsi l’Église s’assure au mieux de ce qui a été fait. C’est particulièrement important pour le baptême, sacrement nécessaire au salut, et à la validité de tous les sacrements subséquents.

L’Église entend aussi que le baptême soit administré à sa place normale, c’est-à-dire dans la liturgie qui est la sienne. Liturgie qui enseigne, dispose, prépare, signifie précisément l’acte accompli. Ainsi le baptême est entouré de ces cérémonies ordonnées par le Rituel, romain et traditionnel en ce qui nous concerne.

Aussi, on n’ondoie qu’en cas de nécessité. Si le sujet, enfant ou adulte, est en péril de mort. D’ailleurs, en premier lieu, on fait venir le curé ou son délégué, ou un prêtre ou diacre disponible si son curé n’est pas joignable. Ce ministre jugera d’ailleurs, selon les circonstances, s’il administre hors des fonts baptismaux, le baptême solennel avec tous ses rites (car c’est mieux de ne pas séparer le sacrement de sa liturgie) ou l’ondoiement (le sacrement seul).

 

Si l’on n’a pas le temps de faire venir un ministre ordonné (prêtre ou diacre), alors seulement un clerc mineur ou un laïc pourra (et devra !) baptiser. On préférera un homme, de bonne réputation chrétienne et de bonnes mœurs. On préférera un homme à une femme, l’homme signifiant mieux le Christ. Et l’on évitera, sauf impossibilité, que le baptême soit administré par le père ou la mère : en effet, il faut éviter de confondre la filiation naturelle avec celle surnaturelle du baptême. C’est, du reste, ce que signifie l’Église, en donnant habituellement un parrain et/ou une marraine au baptisé.

Il ne faut d’ailleurs pas, autant que possible, oublier de munir le baptisé de ces parrain et marraine (qui auront obligatoirement contact avec le sujet durant le baptême).

Puis on déclare, dès que possible, au curé, le baptême accompli, avec les renseignements requis, pour inscription dans les registres de catholicité. Ce dernier s’assurant que le baptême fut validement conféré.

Ensuite, plus tard, quand le sujet ondoyé (donc réellement baptisé) aura recouvré la santé (ou sera sorti de l’isolement qui le privait durablement de prêtre), on complètera à l’église le baptême par toutes les cérémonies du Rituel, que l’on appelle alors « cérémonies supplémentaires » ou « compléments de baptême », mais sans le baptême proprement dit

Dans votre cas, la faute d’origine est une faute d’ignorance : d’avoir méconnu ces règles (que l’on apprend au catéchisme et au besoin l’on se fait répéter pendant la préparation au mariage). Ensuite, il y a faute d’avoir écouté votre belle-mère plutôt que l’Église : ce qu’en cas de doute, vous aviez tout le temps de faire. Ce que votre belle-mère vous a fait faire, c’est précisément un mauvais usage contre lequel ont lutté moult curés, et qui était inspiré par la crainte, excessive par son côté systématique quoique compréhensible, de voir un enfant mourir sans baptême.

Ainsi il y a eu conséquemment faute d’avoir ondoyé indument. Qui plus est, en tant que père.

S’en est suivie la faute d’avoir fait rebaptiser votre fille, qui était déjà baptisée. Au lieu de déclarer votre acte au curé ou au célébrant.

Voilà ce qu’il convient maintenant de faire et de dire :

1/ Selon ce que votre conscience vous reproche, parlez en (sans peur, le prêtre est un médecin bienveillant, ministre de la Divine Miséricorde du Seigneur Jésus-Christ) à votre confesseur. Tous les hommes expérimentés vous le diront : on ne suit pas forcément sa belle-mère. Et toute l’Église vous enjoint : instruisons-nous de notre sainte religion !

2/ L’acte de baptême de votre fille est faux. Il faut déclarer la vérité de ce qui s’est passé au curé détenteur des registres où est inscrit ledit baptême. Pour que la vraie date et le vrai ministre (vous-même) du baptême y soient portés.

3/ Votre fille n’a probablement pas de réels parrain et marraine, faute de ces derniers en ayant tenu place au moment du vrai baptême. On peut dire éventuellement que ceux présents à l’église plus tard, en sont des tenants-lieu moralement, mais ils ne le sont pas réellement. Cela est irréparable.

Ne vous découragez pas, vous êtes désormais instruit, vous ferez donc mieux la prochaine fois. Merci pour votre question, qui sera utile à beaucoup.

Je termine, en recommandant à tous, de faire baptiser le plus tôt possible les nouveau-nés ! Et de réclamer, c’est un droit, l’usage du rite romain traditionnel. Dieu vous bénisse.