Peut-on être croyant et non pratiquant ?

Bonjour,
Est-ce que le fait d’être croyant mais non pratiquant joue un rôle sur l’entrée au Paradis ?
Et est-il possible d’avoir des doutes quant au Paradis ?

Femme, 23 ans, étudiante, Paris (75), baptisée.

   Votre question est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord pour vous, mais aussi pour ceux qui liront cette page car le nombre de croyants non pratiquants est important, notamment en France. Est-ce qu’un végétarien croyant mais non pratiquant serait vraiment végétarien ? Pour ne rien dire d’un nudiste…

   Mais entrons au cœur de la question : qu’est-ce que croire ? Pour un baptisé catholique, la foi englobe tout ce que Dieu a révélé dans l’Histoire du Salut, et tout ce que l’Eglise catholique enseigne par son Magistère, c’est-à-dire l’enseignement des Papes et des conciles dogmatiques. Ainsi, la foi catholique comprend la foi en un Dieu bon et créateur de toutes choses, qui récompense le bien et punit le mal. Mais c’est aussi un Dieu qui a condescendu à l’incarner pour notre salut, qui nous a enseigné à le prier, et qui est mort sur la croix pour nos péchés.

   C’est pourquoi si vous croyez véritablement que Dieu existe, et que la deuxième personne de la Sainte Trinité, le Fils éternel, s’est incarné, est venu dans la chair et a vécu une vie humaine pendant une trentaine d’année, vous conviendrez qu’il est de la plus haute importance de prêter attention à ce qu’il a fait et dit pendant son passage sur Terre. Or nous avons de précieux témoignages directs de sa vie, qui sont les quatre Evangiles, et la tradition de l’Eglise.

   Jésus, dans son enseignement, a insisté fortement sur la nécessité de suivre les commandements de Dieu. A l’homme qui lui demande : « Bon Maître, que dois-je faire pour entrer en possession de la vie éternelle ? (Mc 10, 17) », il répond : « Tu connais les commandements : Ne tue pas, ne commets pas l’adultère, ne dérobe pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère (Mc 10, 19) ». Pour Jésus, l’obtention de la vie éternelle, qui est le bonheur du Ciel et la vision de Dieu face à face passe par une pratique, des actions moralement bonnes, qui nous valent, par l’intersession de sa Passion et de sa mort, des mérites pour le Ciel. Ainsi, chaque action moralement bonne, accomplie en état de grâce (sans avoir de péché grave sur la conscience) nous obtient des mérites. A l’inverse, chaque mauvaise action a une conséquence pour notre vie surnaturelle, qui peut aller jusqu’à la mort spirituelle : un péché grave, un péché mortel, nous coupe de l’amitié avec Dieu. Non pas que Dieu nous refuse son amitié, mais parce que par cette action directement contraire à sa volonté c’est bien nous qui nous refusons à lui.

   Le fait d’être catholique doit se traduire concrètement dans les actes de notre vie quotidienne. Relisez la parabole du figuier que donne le Christ : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne ; il vint y chercher des fruits, et il n’en trouva point. Et il dit au vigneron :  » Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve point ; coupe-le : pourquoi aussi rend-il la terre inutile ?  » Il lui répondit :  » Maître, laissez-le encore cette année, jusqu’à ce que j’aie creusé tout autour et mis du fumier. Et s’il donnait des fruits à la saison prochaine… Sinon, vous le couperez (Lc 13, 6-9) ». Notre vie est comme ce figuier : Dieu qui nous a planté sur Terre attend de nous des fruits, de bons fruits. Un figuier qui ne donne jamais de figues ne sert à rien, sinon à être coupé pour chauffer la maison. De même un chrétien qui n’agit pas comme tel ne sert à rien pour le monde.

   Il est donc établi que le Christ veut nous voir agir. Mais selon quelles règles ? Les dix commandements, donnés par Dieu à Moïse, demeurent : c’est la loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme. Jésus les a complétés par les huit béatitudes (Mt 5, 3-12), et par le commandement ultime qui comprend tous les autres : « tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, et de toute ta force. Le second est celui-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là (Mc 12, 30-31) ».

   Enfin, il a chargé ses apôtres et particulièrement saint Pierre de continuer sa mission d’enseignement dans l’Eglise. Il lui a dit : « tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux (Mt 16, 18-19) ». Ainsi, l’Eglise a reçu du Christ un pouvoir de décision en matière disciplinaire, et c’est la raison pour laquelle nous devons également suivre ses directives.

   Ceci étant dit, le doute est une épreuve que de nombreux saints ont vécu. Ce qui est mauvais, c’est de s’entretenir dans ce doute, et de ne pas chercher à avoir le fin mot de l’histoire. Se poser des questions, cela n’a jamais été un péché. Mais il faut savoir où trouver les réponses : dans l’enseignement du Christ et de l’Eglise. Je finirai par cette parole de Jésus : « Ce n’est pas celui qui m’aura dit :  » Seigneur, Seigneur !  » qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Mt 7, 21) ».