Pourquoi ne pourrait-on pas communier dans la main ?

Bonjour Père, Des personnes de mon entourage en culpabilisent d’autres en disant que,  selon la Ste Vierge et des  âmes privilégiées , il ne faut pas communier dans la main car elle n’est pas consacrée….et que c’est mal !

Pour ma part, je pense que la main n’est pas plus sale que la langue et que l’essentiel est de communier avec respect et amour. Quand le Seigneur a dit aux apôtres « prenez et mangez …!  » , ils n’ont pas tiré la langue !  Qu’en pensez-vous ? Merci !

Femme, plus de 25 ans

   De nombreuses voix dans l’Eglise, jusqu’au cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin, en charge de la discipline sacramentaire dans l’Eglise, s’élèvent ces derniers temps contre la pratique de la communion dans la main : cette pratique s’est en effet répandue dans l’Eglise depuis l’instruction « Memoriale Domini » du 29 mai 1969. Ce texte du pape Paul VI, paradoxalement, exhortait vivement les évêques, les prêtres et les fidèles à « respecter attentivement la loi toujours en vigueur » de recevoir la communion dans la bouche directement, en vue de conserver l’adoration due à la Présence réelle de Dieu dans l’Eucharistie. Mais le même texte disait aussi, en conclusion, qu’en certains cas particuliers, une tolérance pouvait être permise… tolérance qui aujourd’hui est devenue la règle commune en France, au point même que certains prêtres abusent de leur autorité en voulant l’imposer comme obligatoire ! Ajoutons qu’il existe de nombreux endroits où l’usage s’est conservé de communier seulement sur la langue : dans de nombreux pays catholiques d’Amérique Latine, ou encore dans la Basilique saint Pierre, à Rome, où c’est la seule façon de faire qui soit autorisée !

   Il est intéressant de s’arrêter sur les motifs pour lesquels la communion sur la langue est largement recommandable et doit être toujours préférée : il ne s’agit pas de juger du respect personnel d’un fidèle envers l’eucharistie, mais plutôt de comprendre ce qui, objectivement, est mieux. En effet, nous ne sommes pas des anges, et notre corps participe à son niveau à notre prière et notre adoration : les gestes et les attitudes extérieures sont donc des aspects essentiels de notre dévotion, qui traduisent non seulement nos dispositions intérieures, mais qui nous aident aussi à former et à approfondir ces dispositions intérieures, invisibles ! Or depuis toujours, la position à genoux est celle qui manifeste l’adoration, et il est donc bien normal que nous recevions Dieu présent dans l’eucharistie dans cette position.

   En fait, trois arguments principaux peuvent êtres avancés en faveur de la communion sur la langue. Mais on pourrait en trouver bien plus (voir l’excellent livre de Mgr Athanasius Schneider, « Dominus est », qui est un magnifique plaidoyer pour la communion sur la langue).

   Premièrement, une raison mystique et théologique : les dons de Dieu ne se prennent pas, ils se reçoivent. Dans les années 60, la volonté de communier dans la main est venue de gens qui pensaient que recevoir à genoux, une hostie qu’on n’avait pas le droit de toucher, plaçait le fidèle dans une position d’infériorité par rapport au prêtre, un peu humiliante, et qu’il fallait changer ça. Mais le prêtre, pendant la messe, est un autre Christ, et représente toute l’Eglise. Ses mains sont consacrées par l’ordination sacerdotale qu’il a reçue. Recevoir les dons de l’Eglise et de Dieu avec reconnaissance suppose qu’on ait compris la nécessité du Christ et de l’Eglise pour notre salut. Dans cette optique, il parait normal de recevoir notre Créateur et notre Sauveur dans la position la plus humble et la plus respectueuse.

   Secondement, la foi catholique affirme que la présence réelle de Jésus dans l’hostie demeure même dans les petites parcelles qui s’en détachent. En recevant le Saint Sacrement directement dans la bouche, on s’assure que ces parcelles vont disparaître, et ne vont pas tomber au sol ou rester sur les mains. C’est pourquoi dans les paroisses où la communion se reçoit habituellement sur la langue, on utilise aussi un plateau de communion pour éviter la chute de ces parcelles, et le prêtre lui-même se purifie les doigts après avoir donné la communion. En recevant la communion dans la main, nous pouvons être sûrs que des parcelles d’hostie vont y rester, et donc être traitées sans aucun respect. A la fin de la messe, on serre des mains, on se gratte la tête, on pose les mains sur le volant de sa voiture ou les barres du métro…

   Enfin, l’avantage principal de la communion sur la langue est la limitation du risque de sacrilège et de vols d’hosties consacrées. En effet, il arrive trop souvent que pendant des mariages ou des obsèques, de nombreuses personnes non pratiquantes viennent communier pour faire comme tout le monde, alors que parfois elles ne savent même pas ce que c’est. Tous les prêtres connaissent ces histoires de teinturiers qui retrouvent des hosties dans les poches de costumes… Au moins, en recevant l’hostie sur la langue, l’hostie sera détruite par la digestion après un certain temps, et ne sera pas maltraitée jusqu’à être oubliée dans une poche de pantalon ou jetée par terre. On évite aussi, puisque l’hostie se délite très vite dans la bouche, tout risque de vol d’hostie dans un but sacrilège…

   Ainsi, de nombreux arguments m’incitent à vous encourager à recevoir toujours le Saint Sacrement sur la langue, tant pour votre bénéfice spirituel personnel que dans un souci d’exemplarité.