Qui sont les frères de Jésus?

Monsieur l’Abbé, le 1er mai, à la messe de saint Joseph Artisan, on parlait dans l’Évangile des frères de Jésus. Et justement, au collège, mes copines me disent que Jésus avaient des frères et des sœurs, comme tout le monde. (Je suis fille unique !). Est-ce vrai ?

Femme, 16 ans, Belfort (90), lycéenne.

Effectivement, deux évangélistes évoquent des frères de Jésus. Ce sont saint Mathieu (13, 55) qui évoquent « Jacques, Joseph, Simon et Jude », et saint Marc (6, 3) à propos des mêmes, inversant toutefois Jude et Simon. Saint Paul évoqua aussi « Jacques, frère du Seigneur » (Ga 1, 19). « Frères » traduit ici le grec « adelphoi »… ce qui signifie bien « frères ». Il n’y a donc pas d’erreur de traduction.

Mais on aurait tort de penser pour autant qu’il s’agirait de frères germains de Jésus-Christ, c’est-à-dire de mêmes père et mère. En effet, au temps de Jésus comme aujourd’hui encore, en Orient, et bien au-delà de la Judée, de la Samarie et de la Galilée, on parle de frères pour des cousins, des parents plus ou moins proches, quand on est peu ou prou contemporain. Pour exemple, dans le livre de la Genèse (14, 14), Loth est dit le « frère » d’Abraham, alors qu’il est neveu d’icelui !

On notera, pour renverser ceux qui veulent attribuer à Jésus une nombreuse fratrie, que Jacques y est toujours nommé avant Joseph, pour raison de dignité, c’est-à-dire d’âge. Joseph serait donc un cadet de Jésus (le « premier-né » (saint Luc 2, 7)) et de Jacques, et pourtant il porterait le nom du père Joseph ? Ça ne se fait pas. Quand un fils porte le nom de son père, il est l’Aîné, hier comme aujourd’hui, en Orient comme en Occident !

On notera aussi que Jésus, sur la Croix, confia sa mère Marie au jeune saint Jean : « Voici ta mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (saint Jean 19, 27). Ce sont des paroles très mystiques, mais d’abord des dernières volontés très pratiques, qui furent suivies d’effet. Le Seigneur l’eût-il fait si Marie avait eu d’autres fils ? Non, cela aurait été plus que choquant.

En réalité, la Vierge Marie est la Vierge, vierge avant, pendant et après son enfantement. Et ce sont les attaques des Protestants ou des incrédules qui font ressortir régulièrement ce marronnier, cette « affaire des frères de Jésus », qui n’en est pas une.

Un petit grain de sel pour terminer : Franchement, vous auriez aimé être frère ou sœur de Jésus ? Pas moi, c’est terrible d’avoir un frère si parfait ! Un tel reproche vivant de vos bêtises, c’eût été écrasant !