Un soldat qui tue viole-t-il le commandement de Dieu ?

Un soldat qui tue viole-t-il le commandement de Dieu ?

Jeune homme, 17 ans

   Dieu a donné ses dix commandements à Moïse sur le Mont Sinaï. Parmi ces commandements, le cinquième explique « tu ne tueras pas ». Ainsi, il semble que l fait même de s’engager dans l’armée ou la police de son pays contrevienne à ce commandement, puisque malheureusement on pourra être amené à tuer.

   Cependant, la théologie catholique a depuis très longtemps admis trois exceptions à ce commandement, qui toutes s’expliquent par le fait que ce commandement parle de vie innocente, et non pas de toute vie.

   La première exception est la peine de mort, que l’Eglise reconnait légitime dans certains rares cas. Je ne m’y attarde pas, car elle n’est pas directement en rapport avec notre sujet. Les deux autres exceptions en sont en fait une seule, vue sous deux aspects différents. C’est le cas de la légitime défense, qu’elle soit individuelle ou collective. Dans la défense individuelle, il est permis de défendre sa vie contre un injuste agresseur, de manière proportionnée. On ne peut tuer un homme qui cherche simplement à prendre notre téléphone ! Mais si le seul moyen de faire cesser une véritable menace, et de mettre hors d’état de nuire son agresseur est de le tuer, alors cela est permis.

   Pour la défense collective, ce qui est le cas qui nous intéresse aujourd’hui, la société a elle aussi un droit de légitime défense, et pour cela elle a le droit d’entretenir une force armée et une force de police. Le soldat qui défend sa patrie contre un injuste agresseur, personne physique ou groupement terroriste, où même une autre nation, un soldat qui tue donc dans le cadre de son devoir, ne commet pas de péché en éliminant son adversaire. Evidemment, un peu de bon sens est de mise : on ne tue pas des civils, on ne tue pas un homme qui se rend, on ne tue pas si une autre manière de vaincre est possible, etc.

   Saint Thomas d’Aquin a très bien traité cette question dans sa Somme de Théologie (IIa IIae, q. 64). Vous y trouverez toutes les explications et les distinctions qu’une brève réponse m’empêche de présenter ici, en particulier le fait que l’effet recherché dans ce cas n’est pas principalement la mort de l’agresseur, mais notre propre conservation.