Que dit l’Eglise à propos de la contraception ?

Je suis une élève et je me pose la question de la contraception : est-ce bien ?

Si je veux avoir une relation sexuelle dois-je utiliser la contraception, car je sais que c’est contre les principes de la religion, mais je ne veux pas avoir d’enfant à 19 ans. Si jamais je tombe enceinte, est-il correct d’avorter. J’ai aussi entendu parler que dans la religion chrétienne, il y avait plusieurs interprétations différentes sur l’avortement et la contraception, puis-je avoir plus d’information sur le sujet ? (Suite)

Etudiante, 19 ans

   L’Eglise entend défendre l’intégrité de l’acte sexuel conjugal, tel que nous l’avons développé dans la réponse précédente. Ainsi, elle affirme, dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique : « La fécondité est un don, une fin du mariage, car l’amour conjugal tend naturellement à être fécond. L’enfant ne vient pas de l’extérieur s’ajouter à l’amour mutuel des époux ; il surgit au cœur même de ce don mutuel, dont il est un fruit et un accomplissement. Aussi l’Église, qui prend parti pour la vie, enseigne-t-elle que tout acte matrimonial doit rester par soi ouvert à la transmission de la vie. Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le magistère, est fondée sur le lien indissoluble que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation (n° 2366) ».

   La morale catholique n’est pas une morale de la loi, comme celle de Kant. Telle chose n’est pas mauvaise parce qu’elle est interdite par la loi, c’est l’inverse : elle est interdite par la loi parce qu’elle est mauvaise. Or le mal est l’absence d’un bien dû, ainsi que l’expliquait l’abbé Samuel Desmet dans une autre réponse que vous lirez avec fruit. On dit que la morale catholique est une morale finaliste, elle a en vue la fin de l’action. Ainsi, une action détournée de sa fin sera un mal, plus ou moins grand.

   Une brosse à dents est faite pour brosser les dents, et si vous essayez de cuire un gratin ou de planter un clou avec, vous allez peiner ! L’acte sexuel étant principalement en vue de la procréation, un acte sexuel détourné volontairement de toute possibilité de procréation serait un acte biaisé, décapité, et dans ce cas précis, un péché. Si vous prenez la statue d’un artiste pour caler une étagère, c’est dévalorisant pour la statue et irrespectueux pour le sculpteur, bien que ce soit possible physiquement. De même, si vous utilisez l’acte sexuel pour autre chose de directement contraire à sa fin première, c’est avilissant pour l’acte sexuel qui dans le cadre du mariage est magnifique et vertueux, et irrespectueux pour Dieu qui a créé ce bijou, en nous offrant la possibilité d’être « procréateurs », de participer avec Lui à sa propre Création ! Ainsi, tous les moyens contraceptifs non naturels (préservatifs, stérilet, pilule, etc.) détournent l’acte sexuel de ce pourquoi il a été fait, et c’est à ce titre qu’ils sont condamnés par l’Eglise. Ceci dans le but, encore une fois, de sauvegarder la beauté du don mutuel des corps et des âmes dans la relation matrimoniale.

   Il existe en revanche des méthodes dites naturelles, basées sur l’observation du cycle féminin, qui permettent à des époux, pour des raisons sérieuses, de limiter l’usage de leur droit conjugal (l’acte sexuel), aux périodes les moins fécondes du cycle. Ceci est totalement différent, car on ne supprime pas ici la fin première de l’acte sexuel. Pour le dire autrement, un mari et une femme ne sont pas obligés, heureusement, d’avoir un enfant à chaque relation sexuelle, mais ils ne peuvent se fermer par principe à la possibilité d’une vie nouvelle. De nombreuses associations en France, catholiques ou non d’ailleurs, proposent des formations aux méthodes naturelles, comme la méthode Billings, la MAO (Méthode d’Auto-Régulation), ou encore le site internet Fertility Care.

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